Brûlures oculaires : qu’est-ce que c’est ?
L’oeil est un organe fragile qui, bien que protégé anatomiquement par l’orbite osseuse et par les paupières, reste vulnérable aux traumatismes et aux brûlures.
Le globe oculaire est recouvert par une fine pellicule transparente : la conjonctive. Celle-ci représente une protection supplémentaire contre d’éventuels agents extérieurs et délétères.
Trois mécanismes principaux peuvent occasionner une brûlure oculaire.
On distingue :
- les brûlures chimiques par projection de produits chimiques (acides ou basiques), qui atteignent la surface oculaire,
- les brûlures thermiques,
- les brûlures radiques, après exposition de l’oeil à une quantité trop élevée de rayons ultraviolets ou après soudure à l’arc sans protection adéquate (coup d’arc).
Brûlures oculaires chimiques
Les plus dangereuses sont les brûlures par produits basiques (pH>7).
Les bases pénètrent en profondeur les tissus oculaires et peuvent causer des dégâts longtemps après l’exposition au produit incriminé.
Les acides brûlent les tissus plus en surface, avec des conséquences malgré tout possiblement sévères.
Les brûlures chimiques peuvent survenir au domicile (projection de lessive liquide ou de produit ménager, par exemple), en milieu professionnel, ou encore suite à une agression physique.
Il convient d’être particulièrement méfiants lorsque le produit projeté est à usage industriel ou professionnel, ou encore si le produit n’est pas dilué. En effet, sa concentration augmente possiblement sa dangerosité.
En cas de projection de produit chimique dans l’oeil, il est vivement conseillé de se procurer la notice du fabricant pour en connaître la composition précise et adapter la prise en charge.
Brûlures oculaires thermiques
Ce type de brûlure est moins fréquent, grâce à la fermeture des paupières en cas d’accident. Elles surviennent en cas d’exposition à des flammes ou à des liquides dont la température est très élevée.
Brûlures radiques
Elles font suite à une exposition importante à différents types de rayon.
En milieu professionnel, l’exemple le plus connu est celui du coup d’arc des soudeurs.
En milieu domestique, c’est l’exposition excessive aux ultraviolets du soleil, favorisée par sa réverbération sur l’eau ou la neige, qui est en la cause la plus fréquente. Le lieu d’habitation ou de vacances est souvent un critère évocateur (ophtalmie des neiges de l’alpiniste, par exemple).
Symptômes et lésions
Les brûlures oculaires peuvent occasionner une rougeur, des douleurs de l’oeil atteint, une sensation de corps étranger de surface oculaire et une baisse de l’acuité visuelle.
Les symptômes dépendent évidemment de la sévérité de l’atteinte et de la localisation de la brûlure sur la surface oculaire.
Une brûlure oculaire peut occasionner :
- Des lésions de la conjonctive, qui peuvent aller jusqu’au symblépharon. Il s’agit d’un accolement permanent de la paupière sur la surface du globe, par des mécanismes inflammatoires.
- Des lésions de la cornée et du limbe cornéen. Ces lésions sont les plus graves, puisqu’elles peuvent impacter, de manière irréversible, la fonction visuelle du patient atteint. En effet, les phénomènes de cicatrisation peuvent endommager la transparence de la cornée et, ainsi, faire obstacle au passage de la lumière vers l’intérieur de l’oeil.
- Des lésions des paupières ou leur déformation, source de frottements pathologiques sur la surface oculaire et, donc, de lésions secondaires à distance de la brûlure.
Prise en charge des brûlures oculaires
La meilleure prise en charge des brûlures oculaires reste évidemment de les éviter. La prévention est impérative, au domicile comme en milieu professionnel. De nombreux moyens de protection existent et leur usage doit être encouragé :
- port d’une protection solaire adaptée,
- équipements de protection oculaire à usage professionnel en cas d’exposition à risque,
- port de lunettes protectrices à usage domestique.
Toute brûlure oculaire est une urgence.
La prise en charge ne doit pas attendre la consultation médicale mais doit avoir lieu, si possible, immédiatement sur le lieu de l’accident.
Si possible, il faut enlever immédiatement d’éventuelles lentilles de contact, si la victime de l’accident en porte.
Un rinçage abondant doit être réalisé sans délai, en cas de projection de produit chimique. Une solution de diphotérine peut être utilisée mais, si ce type de dispositif n’est pas disponible, un rinçage à l’eau claire (en bouteille ou du robinet) est parfaitement adapté.
Le rinçage doit durer au minimum 5 à 10 minutes par oeil atteint. L’oeil doit être maintenu ouvert pour que le rinçage soit efficace.
Par la suite, une consultation en urgence chez l’ophtalmologiste est indiquée. Elle permettra de réaliser un bilan précis des lésions éventuelles et de proposer un traitement adéquat.
Certaines brûlures oculaires nécessitent une prise en charge chirurgicale, au bloc opératoire. Dans certains cas, l’ophtalmologiste procède à une greffe de membrane amniotique foetale, sur la surface oculaire, pour limiter l’inflammation et faciliter la cicatrisation locale.
Plus à distance de la brûlure, une reconstruction chirurgicale est parfois nécessaire (paupières, culs-de-sacs conjonctivaux).
